Si vous ne le saviez pas, voici la première constante à retenir: les femmes ont une espérance de vie plus longue que les hommes.
Cela se vérifie aux États-Unis, où les femmes vivent en moyenne jusqu’à 80 ans, tandis que les hommes décèdent généralement autour de 75 ans. En France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’espérance de vie en 2023 s’établit à 85 ans pour les femmes contre 79 ans pour les hommes.
Ce constat (valable également chez d’autres mammifères) doit cependant être nuancé par un point crucial, souligne un article du New York Times. Ce n’est pas parce que les femmes vivent plus longtemps qu’elles vivent forcément en meilleure santé. Il s’agit de faire la distinction entre deux notions bien distinctes (distinction souvent oubliée lors des débats sur l’âge de départ à la retraite, par exemple).
Cela va même plus loin: les femmes ont tendance à avoir une espérance de vie en bonne santé plus courte que les hommes, souligne Bérénice Benayoun, professeure agrégée à l’École de gérontologie Leonard Davis de l’University of Southern California (USC), aux États-Unis. Il est notamment reconnu qu’elles sont plus vulnérables au développement de maladies cardiovasculaires et d’Alzheimer, notamment après la ménopause, l’âge étant lui-même un facteur de risque majeur pour ces pathologies.
Les comportements masculins en question
Revenons à notre question initiale. De récentes études suggèrent que les chromosomes féminins XX, qui constituent une partie de notre ADN, pourraient influencer l’espérance de vie. Une étude menée en 2018 par le laboratoire de la chercheuse Denal Dubal a analysé des souris génétiquement modifiées avec différentes combinaisons de chromosomes sexuels et organes reproducteurs. Les souris possédant deux chromosomes X et des ovaires présentaient la plus grande longévité, tandis que celles ayant un chromosome X et un chromosome Y avaient une espérance de vie plus courte. Toutefois, les chercheurs n’ont pas pu aller au-delà de ce constat.
Les facteurs épigénétiques, influencés par l’environnement ou le mode de vie, comme le climat ou le stress chronique, ont une influence sur la durée de vie. L’historienne française Lucile Peytavin, dans un livre publié en mars 2021, estime ainsi le coût des comportements associés à la virilité masculine à 95,2 milliards d’euros par an. La consommation excessive d’alcool, la vitesse au volant… autant de comportements qui, en plus d’avoir un coût financier pour la société, contribuent à une mortalité plus précoce chez les hommes.
D’autres facteurs externes peuvent également contribuer à cette tendance. Les hommes, par exemple, sont plus souvent exposés aux conflits armés que les femmes, explique Naoko Muramatsu, professeure de sciences de la santé communautaire à l’Université de l’Illinois à Chicago. De plus, durant la pandémie de Covid-19, il a été observé que les hommes occupaient plus fréquemment des métiers à risque, ce qui a entraîné une surmortalité chez la population masculine.
Toutes ces raisons contribuent à expliquer l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes. Si certains relèvent de la génétique et devront être approfondis lors de recherches futures, d’autres sont directement liés aux choix de vie et aux comportements individuels.
avec slate